Intervention de Mathilde VANDORPE en séance plénière
L’étude qui vient de paraître et dont nous parlons au- jourd’hui débute par un constat que nous connais- sons: nos directions d’école souffrent d’un trop- plein d’obligations administratives, d’un manque de temps à consacrer à leurs missions pédago- giques et à la gestion d’équipes et d’une absence de valorisation de la fonction. Pourtant, il est prouvé que le rôle des directions est fondamental
et que leur accompagnement constitue un des le- viers qu’il convient d’utiliser pour améliorer notre enseignement. Ce sont en effet les directions qui sont au cœur de la mise en place d’un environne- ment de travail de qualité et qui sont à même de motiver les équipes enseignantes.
L’étude de la Fondation épingle différents éléments qui constituent des freins au développe- ment des directions en tant que réel acteur de lea- dership. J’ai évoqué le manque de temps causé par les contraintes administratives. Le manque de connaissance des enseignants dans différents do- maines, notamment la gestion des différents pro- fils d’élèves, est également pointé. À cet égard, une réforme de la formation initiale afin d’y inté- grer certains contenus essentiels comme la prise en compte des troubles de l’apprentissage ou l’utilisation des outils numériques s’impose. La formation initiale des enseignants n’est pas la seule visée. La formation des directeurs doit éga- lement être modifiée afin de promouvoir davan- tage d’allers-retours entre la théorie et la pratique.
Le rapport insiste également sur la nécessité de renforcer le travail collectif au sein de nos éta- blissements. On constate trop souvent que les équipes éducatives ont des difficultés à travailler en groupe soit par manque d’habitude, soit à cause de la difficulté de libérer du temps pour ce faire. L’interdisciplinarité est une pratique qui n’est pas évidente à mettre en place. À ce titre, il s’agirait sans doute d’outiller les enseignants lors de leur formation, tant initiale que continue, pour leur permettre de mettre en place de telles pratiques et d’apprendre les uns des autres tout en développant un esprit d’équipe.
L’absence de pilotage d’établissement est également mise en avant par l’étude. Ce point a fait l’objet de nos débats en commission de l’Éducation hier à l’occasion des discussions rela- tives au projet de décret présenté par la ministre. Les dispositions dont nous avons discuté devraient permettre de combler certaines lacunes via la mise en place d’un plan de pilotage dans chaque éta- blissement et de doter chacun d’objectifs précis. L’étude de la Fondation insiste par ailleurs sur la nécessité de doter les directeurs de compétences d’organisation et de pilotage. Ce dernier nécessite en effet certaines capacités, dont celle d’analyser les données et indicateurs disponibles.
Je terminerai en m’arrêtant un moment sur une question profondément liée au sujet qui nous occupe, celle du burnout. L’étude de la Fondation pointe l’existence de situations de burnout chez les directeurs débordés par la charge de travail qu’ils doivent assumer. Nous le savons, ce phé- nomène ne touche pas que les équipes de direc- tion: les enseignants sont également nombreux à souffrir de ce fléau.
Il convient d’outiller au maximum les direc- tions afin qu’elles soient à même de créer un envi- ronnement de travail sain et motivant pour les
équipes, avec une réelle capacité à gérer les con- flits naissants. Pour ce faire, les candidats à la fonction de directeur doivent être suffisamment formés par exemple, comme le propose l’étude, en passant par la fonction de directeur adjoint. Aug- menter les heures de formation destinées à déve- lopper les compétences relationnelles est également un enjeu majeur. Celles-ci doivent être tournées tant vers les autres que vers soi-même. Pouvoir apprendre à gérer son stress et en recon- naître les signaux est un outil de prévention pri- mordial permettant bien souvent d’éviter de tomber dans la spirale épuisante du burnout et d’en déjouer les pièges.
Il y a un an, vous aviez dit ne pas disposer de chiffres sur ce phénomène dans nos écoles. Les groupes de travail du Pacte pour un enseignement d’excellence s’intéressent néanmoins à cette ques- tion. À ce stade, des pistes se dégagent-elles déjà afin de lutter contre ce phénomène?
Vous aviez également évoqué le plan PAGAS (Plan d’action visant à garantir un ap- prentissage serein) qui a permis de mettre en place différentes mesures, dont le numéro vert «Assis- tance écoles», qui est destiné à informer et à sou- tenir le personnel enseignant confronté à des situations de violence. Quel constat tirez-vous quant à l’utilisation de tels dispositifs? Quels sont les résultats du travail des médiateurs et des équipes mobiles à cet égard?